Marie Aline MARCENAT
Les Medina d'Amérique latine
Tomás Francisco Medina
Comme son oncle et son père avant lui, T. Francisco se dirigea vers la diplomatie.
Quand la Cortes Commercial and Banking Ltd fut absorbée, par la Banque Sud-Américaine dans les années qui précédèrent la première Guerre mondiale, T. Francisco partit avec son père pour s’installer en France et y commencer une deuxième carrière.
Il entra au Consulat général du Nicaragua à Paris où après avoir « gravi tous les échelons » (ce sont ses propres termes), il devint l’unique inspecteur responsable des fonds des cinquante-six consulats d’Europe. Passé ensuite dans les services diplomatiques, il fut attaché commercial à l’Ambassade du Nicaragua en France, avant d’être nommé Ministre plénipotentiaire de ce pays, vers 1920.
Une anecdote de ces années passées dans la capitale française courait dans la famille. Un jour de grande réception à l’Élysée, l’huissier de service le présenta ainsi à haute voix :
« Monsieur l’Ambassadeur de la République du "Niagara" et Madame ».
Avec un grand sang-froid, le président de la République lui aurait alors demandé s’ils n’avaient pas été trop mouillés ! [...]
[...] Le 18 octobre 1929, T. Francisco présenta ses Lettres de Rappel au président de la République française. Il continua cependant d’habiter Paris pendant une dizaine d’années encore puisque ce n’est qu’en 1936 qu’il fut nommé représentant du Nicaragua à Berlin. En 1938, il était également accrédité auprès du Saint-Siège, à Rome. Dans une lettre datée du 21 mars 1941, son fils Francis écrivait à sa tante Mercedes Machaïn :
« Nous commençons à jouir d’un vrai temps de printemps à Rome où nous nous trouvons tous à l’instant sauf Anita qui est sur la Côte d’Azur avec des amis, comme tu le sais, je crois ».
Peu après les Allemands avec l’accord du gouvernement nicaraguayen, le chargèrent de fermer tous les consulats de France ce qu’il fit dans un périple à travers le pays, qui l’épuisa physiquement et moralement.
Le 1er janvier 1942, une « Déclaration des Nations Unies » était signée par les États-Unis, la Grande Bretagne, l’Union Soviétique et la Chine. À ces signatures vinrent s’ajouter le lendemain celles de vingt-deux autres pays dont le Nicaragua. Cette déclaration engageait les gouvernements signataires à contribuer de la façon la plus complète à l’effort de guerre et à ne pas conclure de paix séparée avec les puissances de l’Axe : cela revenait à une déclaration de guerre.
Venu notifier à Hitler que son pays faisait partie des signataires, T. Francisco eut à affronter un dictateur furieux qui, au mépris de tous les usages diplomatiques, l’assigna à résidence. Il dut rester enfermé dans l’hôtel « Esplanade » qui servait de siège à l’ambassade, avec sa fille Liliane, le seul membre de sa famille qui était près de lui à ce moment-là.
Quelque temps plus tard, tous les diplomates dont les pays avaient signé cette déclaration étaient également consignés par Hitler et avant d’être expulsés, ils se retrouvèrent tous dans des hôtels situés dans le sud de l’Allemagne. À bord d’un train blindé encadré par l’armée, T. Francisco et Liliane rejoignirent Lisbonne où ils retrouvèrent le reste de la famille. Ils embarquèrent tous ensuite sur un navire qui fit la traversée vers New York escorté par un sous-marin. [...]