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Les Medina d'Amérique latine

José Francisco Medina

[...] Mais après la fondation de la république du Guatemala, le gouvernement de Rafael Carrera avait créé le reale, en pièces d’or et d’argent. Il fallut cependant attendre l’intervention de J. Francisco Medina pour que le papier monnaie apparaisse avec la fondation de la Banque Internationale du Guatemala, en septembre 1877. Parmi les actionnaires, on trouvait son frère Crisanto II et le beau-frère de celui-ci, Clemente Ballén.

 

Ses affaires étant très florissantes à cette époque, J. Francisco était devenu un membre important de la junte de commerçants de Ciudad Guatemala. Il fut le seul d’entre eux qui osa s’opposer au président Justo Rufino Barrios lorsque celui-ci voulut réaliser un emprunt en créant un monopole d’état sur les produits alimentaires. À la suite de ce refus, il dut quitter le pays précipitamment, abandonnant la gérance de l’unique banque et ses propres intérêts. Accompagné uniquement de son fils âgé de quatre ans et de sa sÅ“ur Carmen, il partit s’installer en Europe.

 

[...] J. Francisco obtint que le gouvernement salvadorien l’envoie en Grande Bretagne pour étudier la façon de moderniser ce système. À son retour en 1880, il fondait la première banque de crédit du pays, la Banque internationale du Salvador.

Quelques années plus tard, quand cet établissement eut disparu, il installa à San Salvador une annexe de sa Banque de Londres et d’Amérique centrale. Elle était logée dans ce qui abritait en 1934 la Trésorerie Nationale et qui était, au moment de sa construction, le plus bel édifice de la capitale. [...]

 

[...] Pendant la présidence de son cousin Roberto Sacasa y Sarria par exemple, il fut le principal négociateur de la « Paz de Sabana Grande » qui amena au Nicaragua la victoire définitive du Parti Libéral.

 

Le 23 février 1888, il signait un contrat avec le gouvernement qui instituait la première banque du pays, au capital de deux millions de pesos. Les principaux actionnaires en étaient là encore sa famille et ses amis. Lui-même d’abord pour 450 actions, mais aussi sa sÅ“ur Carmen pour 40 actions, son beau-père Thomas Wheelock, son fils Tomás Francisco, son frère Crisanto II pour 20 actions chacun, etc. En moins de deux ans, la Banque du Nicaragua montrait une fermeté remarquable et les établissements anglais qui avaient apporté une partie du capital ne s’y trompèrent pas. Ils exigèrent que la banque s’affilie à une société anglaise pour continuer à disposer de leur soutien et c’est ainsi qu’elle se mua en Banque de Londres et d’Amérique centrale.

 

En quelques années, celle-ci étendit son action en Amérique du Sud jusqu’à l’Amazone. Elle se transforma finalement en Banque commerciale de l’Amérique espagnole et c’est sous ce nom qu’en 1910 elle s’unit à une autre banque d’Amérique du Sud pour devenir la grande banque anglaise intitulée la Banque de Londres et d’Amérique du Sud.

 

« Le fondateur, et principal actionnaire de la Banque du Nicaragua, J. Francisco Medina, décida de changer le mode de fonctionnement de sa banque et la fonda dans celle de la Maison Matriz de Londres dont le gérant était M. Carlos E. Nicol ; elle fut ensuite incorporée à la London Bank of Central America le 20 janvier 1895. Finalement, cet ensemble fut absorbé en 1898 par la London Bank of South America Limited qui fonctionna au Nicaragua jusqu’à 1979 ».

 

Pour maintenir les cours et éviter l’inflation, la banque avait décidé de détruire annuellement un certain nombre de billets. Mais, la situation politique continuait d’être très instable au Nicaragua et en 1894, la conjoncture était telle (en moins d’un an, il y avait eu deux guerres civiles ainsi qu’une avec le Honduras !) que les finances publiques étaient complètement à sec. Devant le refus que Medina opposa à ses demandes d’emprunt, le gouvernement du général Zelaya décida d’imprimer ses propres coupures. Et pour éviter la circulation des billets émis par la Banque du Nicaragua, le ministre des Finances, le colonel Zelaya qui était le frère du chef de l’État, déclara que les impôts ne pourraient plus être payés que par les billets gouvernementaux.

 

D’après lui, cette disposition était prise :

 

« en justes représailles envers l’hostilité que les administrateurs de la Banque du Nicaragua (qui était devenue la London Bank of Central America Ltd), montraient contre la monnaie nationale ». [...]

 

[...] Compte-tenu de ses fonctions, J. Francisco fut bien évidemment choisi comme délégué permanent du Nicaragua à l’Exposition Universelle de 1889. C’est lui qui fit construire le pavillon de ce pays et sous la plume d’un certain Jean d’Orsay, le Figaro Ã©crivait le 7 août 1889 :

 

« Les Commissaires étrangers.

Le ministre de la République de Nicaragua à Paris est, en même temps, le commissaire général de ce pays à l’Exposition universelle. La famille des Medina est célèbre là-bas, moins encore par sa haute situation et son influence que par ses qualités et ses mérites si justement appréciés.

À Paris, il y a deux Medina, M. C. Medina, ministre de Guatemala et M. Francisco Medina, son frère. Le père de ces deux diplomates a été l’un des hommes les plus éminents de l’Amérique centrale. C’est à lui que l’on doit les grandes entreprises financières et commerciales du pays. Francisco, son fils cadet, suivit l’exemple de son père et marcha sur ses traces.

Dès 1877, il se signala à l’attention générale en fondant les banques nationales des deux nations dont nous venons de parler. Dans la République du Salvador, c’est lui aussi qui a fondé le premier établissement de crédit. […]

Brun, la physionomie extrêmement douce, fort élégant, gracieux et affable comme pas un, M. Medina ne compte que des amis à Paris. [...] »

 

Le Figaro, Édition spécialement imprimée à la Tour Eiffel 

 

[...] Dans le pavillon de l’Exposition Universelle de 1889, il présentait une maquette de ce canal au milieu des différents produits agricoles, comme le cacao ou le café. [...] Le New York Times du 23 janvier 1891, rendait compte d’un dîner donné en l’honneur de « M. J. F. Medina, Ministre plénipotentiaire du Nicaragua à Paris ».

 

« En même temps que les productions minérales, les oiseaux, les fleurs, toutes les richesses naturelles et tous les produits ouvrés du pays, M. Medina voulait exposer le plan en relief du canal du Nicaragua, une des plus grandes entreprises de notre temps. Ce plan, dressé par un Français sous la direction de M. Medina, est une Å“uvre colossale qui intéressera certainement au Nicaragua les étrangers venus à Paris de tous les coins du monde », (Jean d’Orsay dans Le Figaro, 1889).

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